Canadien et québécois, il naquit à East Broughton, dans
la Beauce, le 6 janvier 1916, et reçut au baptême le prénom d'Henri.
Son père était un modeste cordonnier. Pour aider à subvenir aux besoins
de sa famille de onze enfants (neuf garçons et deux filles), M. Ménard
opérait un petit magasin de chaussures attenant à sa boutique et à la
maison familiale. Le tout était situé à deux pas d'une mine d'amiante
laquelle employait le gros de la main d'oeuvre locale.
Le jeune Henri fréquenta l'école élémentaire du
village. Certains de ses frères aînés avaient commencé des études
secondaires à l'extérieur. Lui risquait fort de ne pouvoir continuer
plus loin ses études parce que sa famille était incapable d'y subvenir
financièrement.
Providentiellement, le Chanoine Bernier,
fondateur du premier séminaire de vocations tardives au Canada, le
Séminaire de St-Victor de Beauce, vint faire une visite de recrutement à
East Broughton. Sans hésitation et sans doute éclairé, le Chanoine
Bernier décida d'accepter à son séminaire de vocations tardives cet
adolescent de quatorze ans qui compensait si largement par d'autres
qualités, ses défauts d'être trop jeune et dépourvu de ressources
financières.
Après six années d'études à St-Victor, il entrait
chez les prêtres des Missions Etrangères à Pont-Viau. Il ne devait
toutefois y demeurer qu'une année car, si le but des missions était
véritablement le sien, l'esprit qu'il cherchait était celui de François
d'Assises. C'est donc à la porte des Franciscains qu'il allait frapper
et où il fut accueilli immédiatement. C'est là qu'on lui donna le nom
d'Eusèbe comme nom de religion. Il y fit ses études théologiques et fut
ordonné prêtre à l'automne 1941. Il poursuivit ensuite des études en
sociologie à l'Université de Montréal jusqu'en 1943.
Constatant ses aptitudes pour l'art oratoire, ses
supérieurs le nommèrent prédicateur à la Maison de retraites des
Franciscains à Châteauguay, près de Montréal, où il devait demeurer
trois ans. Il ne tarda pas à faire sa marque non seulement par son
éloquence mais encore par l'actualité du message évangélique qu'il
délivrait.
En 1945, un homme d'affaires et contracteur de
Montréal, Hector Durand, après avoir suivi une retraite du Père Ménard,
vint offrir à ce dernier son apport financier pour aider une oeuvre déjà
existante ou à établir dans l'Église. C'était le commencement d'une
collaboration qui dura plus de vingt-cinq années entre ce prêtre et ce
laïc et dont on pourrait difficilement trouver ailleurs l'équivalent.
C'était surtout la fondation progressive des
Saints-Apôtres, d'abord au Canada jusqu'en 1962, puis ensuite à
l'étranger avec le départ providentiel du Père Eusèbe. Ce n'est pourtant
qu'avec sa mort survenue en 1972, que M. Durand interrompait son
travail apostolique sur terre après y avoir laissé avec tant de
générosité sa fortune, son travail et sa vie.
Depuis 1962, le Père Ménard a oeuvré surtout aux
États-Unis et en Amérique latine où il a continué avec autant de zèle
son oeuvre pour la formation de vocations sacerdotales d'adultes et pour
la promotion des engagements chrétiens chez les laïcs.
Pendant que son oeuvre fondée au Canada s'est
répandue jusqu'en Afrique, lui a établi des maisons aux États-Unis, au
Pérou, en Colombie et au Brésil.
Le Père Eusèbe Ménard est décédé à Montréal,
Canada, le 26 mars 1987.
Pour en savoir plus, lire :
Paul Longpré, Eusèbe-Henri Ménard, un vrai fils de François,
Éditions Fides, Montréal, 2000 (réimpression 2003), 108 pp
Dès le début de son ministère sacerdotal, le
jeune père franciscain, Eusèbe, rempli de la Parole de Dieu, fut non
seulement un prédicateur éloquent et ardent, mais aussi un apôtre
convaincu de sorte que les actes accompagnaient la parole.
Son amour du sacerdoce, sa grande estime du
prêtre n'ont fait que toucher le coeur de ses retraitants qui
repartaient convertis pour les uns et interpellés pour les autres.
Le Père Eusèbe a été un prêtre heureux parce
qu'il louait toujours, à travers son ministère sacerdotal, le Seigneur:
"Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ: Il nous a bénis
de toute bénédiction Spirituelle dans les cieux en Christ." (Éph. 1,3).
Les longs moments passés dans la prière, l'ont
amené à vivre une intimité avec le Seigneur pour découvrir la grandeur
du prêtre et aussi l'urgence de donner des prêtres à l'Église,
spécialement là où les besoins étaient les plus grands.
Un tel apostolat doit se nourrir du Pain
Eucharistique et de la Parole de Dieu longuement priée.